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Historia in toto

"Le roi est mort ! Vive le roi !"

Que nenni n°1 : Jeanne d'Arc et ses voix ?

Jeanne sur le bûcher

Jeanne sur le bûcher

 

                                     

 

Jeanne d’Arc, personnage emblématique de l’histoire de France et des controverses qui l’accompagnent, est l’une des figures les plus connue de la culture populaire française.

Mais connaissez-vous vraiment la pucelle d’Orléans ? Oui me répondrez-vous, en affirmant que les méchants Anglais ont brûlé la pauvre Jeanne car elle attendait des voix.

Eh bien que nenni ! Et je vais vous expliquer pourquoi.

 

Jeanne d’Arc : l’unique envoyée de Dieu ?

 

 Le Moyen Age, époque barbare pour certains et intéressante pour        d’autres, voit l’avènement de la religion catholique en Europe                  accompagnée de grandes réflexion théologiques. En quelques siècles,   les pratiques religieuses évoluent, la femme symbole du péché              originel devient source de vie, avec dès le Xème siècle, l’émergence du      culte marial, qui va vite devenir populaire.

 

A treize ans, la jeune Jeanne de Domrémy annonce entendre des voix dans le jardin familial. Selon elles, les voix lui diraient de vivre une vie pieuse et de sauver le Royaume de France enlisé dans la guerre de Cent Ans. Très vite il ne fait aucuns doutes que les dires de la jeune fille sont vrais, la Bible n’est-elle pas remplie de passage ou anges et archanges descendent sur terre apporter d’importants messages ? L’Annonciation, une des scènes les plus connue de la Bible, relate l’apparition de l’archange Gabriel à Marie pour lui annoncer la venue de Jésus.

 

Voir des femmes prétendre discuter avec les anges et parfois avec Dieu en personne n’est pas chose courante à l’époque médiévale mais ce n’est pas rare non plus. Jeanne d’Arc n’est donc pas la seule à parcourir le Royaume avec des messages divins.

 

La différence de Jeanne réside dans la teneur même de son message, elle appelle à faire la guerre à l’ennemi et entend mener à bien cette mission. Son discours devenant populaire, la jeune Jeanne est amenée devant Charles VII pour que l’on puisse déterminer la véracité de ses propos. C’est ici que la légende prend le dessus.
Jeanne, en arrivant dans la cour du roi aurait deviné que l’homme se tenant en face d’elle était un imposteur. Le roi, pour la tester, aurait monté ce stratagème. La pucelle d’Orléans, reconnaissant le vrai souverain, devint officiellement la Jeanne que nous connaissons tous.
 

Jeanne d’Arc : l’hérétique au bûcher !

 

Suite à son arrestation par les Anglais, Jeanne doit être jugée en février 1431 pour hérésie. Et comme nous le savons tous, elle fut brulée car elle n’entendait pas de voix selon les Anglais. Vraiment ? Etes-vous sûr de cela ?

 

Théoriquement le procès de Jeanne d’Arc est un procès de droit canon, c’est-à-dire qu’il est fait par l’Eglise. En réalité Jeanne est emprisonnée dans une prison civile même si le procès est mené par l’abbé/évêque Pierre Cochon (il ne sera évêque de Lisieux qu’à partir de 1432). Il doit statuer sur la légitimité des dires de la jeune femme. Jeanne continuant à parler de « Bouter les Anglais hors du Royaume » sera, finalement, exécutée pour hérésie.

Mais voilà le terme d’hérésie est vaste et ne veut pas dire que Jeanne ment. Comme le montre l’historienne Colette Beaune, les Anglais, à l’instar des français, n’ont jamais remis en question le fait que la pucelle d’Orléans entende des voix, le procès doit déterminer d’où elles proviennent. Après des jours de débats, le constat tombe, oui Jeanne entend des voix mais ce sont celles du Diable et non des anges.

 

 

Jeanne d’Arc est un personnage complexe, attachée à l’Histoire de France, elle fut rapidement innocentée par Charles VII à la fin de la guerre de Cent Ans. Depuis toujours fables et légendes accompagnent la pucelle, mais attention en histoire plus qu’ailleurs il ne faut pas croire tout ce qu'on entend.

 

Bibliographie (à consulter pour plus de précisions)

 

  • Colette Beaune, Jeanne d’Arc. Vérités et Légendes. Perrin, 2004.
  • Colette Beaune, Jeanne d’Arc, Paris, Perrin, 2004, 540 pages ; rééd. poche, coll. Tempus, 2009.
  • M. Digby, Les mœurs Chrétiennes au moyen-age: ou les ages de foi, Volume 1, Poussielgue-Rusand, 1841.
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B
J'apporterais juste une nuance à l'introduction de l'article, car Colette Beaune et d'autres (Sophie Cassagnes-Brouquet notamment) l'on montré : l'affirmation selon laquelle au haut Moyen Âge "la femme symbole du péché originel devient source de vie, avec dès le Xème siècle, l’émergence du culte marial" est à nuancer considérablement.<br /> Les textes judiciaires et les pratiques franques, irlandaises et wisigothiques montrent que la femme a une place quasiment égale à l'homme dans les relations (entre hommes libres s'entend), elles peuvent hériter, administrer un domaine ou une abbaye dès le IXe voire VIIIe siècle etc. c'est réellement la période du XVe et XVIe siècles qui remets en avant ce principe de la femme pécheresse qui doit expier le péché originel.<br /> <br /> Autrement je viens d'apprendre que l'évêque Cauchon/Cochon était abbé au moment des faits, je l'ignorais.
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M
Alors pour la place de la femme il faut, selon moi, également la nuancer. Ici en prenant l'exemple du culte marial, je ne prends en compte que l'aspect religieux, car en tout premier lieu c'est la teneur du propos de Jeanne D'arc. <br /> Les recherches d'expertes dans le domaine montrent en effet que la femme avait plus d'importance que ce que les premières études laissaient entendre. Il en reste néanmoins que, dans le domaine religieux, cela reste minime. Je prendrais pour exemple la confrérie du Saint Rosaire ou encore la dédicace des cathédrales à Marie, qui dans l'histoire de la religion catholique sont arrivées tardivement.