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Historia in toto

"Le roi est mort ! Vive le roi !"

La féodalité entre famille et maître

Cérémonie de l'Hommage XIIème-XIIIème siècle.

Cérémonie de l'Hommage XIIème-XIIIème siècle.

La féodalité est un système de pensée économique se basant sur un rapport maître et sujet entre l’aristocratie et la paysannerie dans ce que l’on nomme la seigneurie. Ce nouveau mode de fonctionnement de la société se repose donc sur la localité et non sur l’Etat, cela marque alors un réel affaiblissement du pouvoir royal face à l’aristocratie locale.

 

Le lien entre les deux parties se fait par l’hommage et le serment de fidélité. Ce rapport est à vie à moins que l’une des parties ne déroge à ses obligations, c’est-à-dire l’assistance et la non-agression. Lors de la cérémonie de l’hommage le vassal reçoit la jouissance d’un fief, en contrepartie il doit des sortes d’astreintes auxquels il ne peut échapper. Si la féodalité s’impose dans le Royaume dès le Xème siècle, le système de fief, lui, peine à progresser. Pour beaucoup, les principes mêmes du fief et des obligations remettent en question les liens « familiaux » voulus entre les deux parties. Le système prend tellement d’ampleur que l’Eglise elle-même essaie de se « féodaliser » pour amener la paix dans l’Europe face aux conflits subis.

 

Selon Georges Duby, la féodalité est tout ce qui ce rattache au système du fief. Le terme serait apparu courant XVIIème siècle. Sous l’ère révolutionnaire, le mot « féodal » prend un tournant péjoratif en désignant tout ce qui rappelle l’ancien régime et qu’il faut donc détruire.

 

Le lien de vassalité repose donc en grande partie sur la cérémonie de l’Hommage. Cette cérémonie est extrêmement codifiée, le vassal doit venir sans couvre-chef et bien évidemment désarmé. Il doit prendre une position particulière marquant l’humilité mais surtout le rapport de force du seigneur sur son obligé. Ce lien entre seigneur et vassal est en réalité un contrat où chacun est égal à l’autre. Pour marquer cette égalité, pendant la cérémonie le seigneur relève son vassal (préalablement agenouillé) puis l’embrasse pour valider le contrat.
Bien évidemment un tel acte ne peut être entièrement validé sans que l’Eglise ne soit présente. Le vassal doit alors poser sa main sur un objet sacré puis prêter serment, cette petite cérémonie a pour but d’assurer fidélité au seigneur mais aussi d’affirmer à l’homme qu’il possède toujours sa liberté. S’en suit normalement l’investiture : le seigneur investit d’un fief son vassal via la symbolique d’un objet. Cela n’est pas obligatoire, il n’est donc pas rare de trouver des vassaux sans fiefs.

 

schéma d'une seigneurie et de ses fiefs

 

Il ne faut pas minimiser l’importance de l’Hommage. Cette cérémonie, aux aspects très symboliques, sert de garantie aux deux parties qui s’engagent alors dans une relation à vie. Il ne s’agit pas d’un lien purement imaginaire mais d’une réalité dans laquelle les contractants se doivent conseil et entraide. La notion d’aide est principalement guerrière, ce qui se révèle fort utile dans une société aux conflits fréquents. Lorsque le seigneur doit prendre une décision importante, il réunit sa cour pour leur demander conseil, c’est la seconde obligation du vassal. Ces réunions permettent de perpétuer les liens « familiaux » entre les deux parties qui ne se voient que très peu dans les faits.
Dans l’idée les différentes obligations sont réciproques, le seigneur doit donc aider son vassal lorsque celui-ci en a besoin. Dans les faits les vassaux doivent rendre des services pour mériter leurs fiefs. Cette notion de mérite remet en cause la vision du « lien familial », finalement le vassal n’est plus l’égal du seigneur mais son réel obligé. En cas de non respect de ses obligations le vassal est accusé du crime de « félonie », le seigneur peut alors réclamer son fief et le récupérer par la force.

 

Si le lien féodal repose à son origine sur un mimétisme des liens familiaux, il s’en éloigne au fil du temps pour devenir un système de rapport de force entre le seigneur et son vassal. L’hérédité du fief joue également un rôle important dans l’affaiblissement de « l’esprit familial », il n’est pas rare que le seigneur ne connaisse pas l’héritier du fief ou que ce dernier ne soit pas en mesure de tenir les obligations dues à son rang.
De même avec le temps, les vassaux se sont émancipés, il n’est pas rare de trouver de « petits seigneurs » à la tête de plusieurs fiefs. Cela implique donc que le vassal prête hommage à plusieurs seigneurs, ce qui remet en question les principes de conseil et de fidélité surtout en cas de conflits entre seigneurs. Le lien féodal, souhaitant l’égalité entre les deux parties, montre donc rapidement ses limites. Si à la base le contrat apparaît comme avantageux pour le seigneur, le vassal va petit à petit réussir à s’émanciper et obtenir son propre pouvoir. Ce système médiéval va révolutionner les rapports entre les hommes plus seulement à un niveau local, on observe la naissance progressive d’une nouvelle monarchie : la monarchie féodale.

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